Billet V - Les approches actives en ligne
La méthode des cas,
dont on peut retracer l'utilisation à l'école de droit de Harvard dès la fin du
19e siècle, consiste à placer les étudiants en face d'une situation juridique
authentique, et ainsi leur permettre d'entrer en contact plus directement avec
la réalité de la pratique professionnelle (Copeland, 1954 cité dans Ménard,
2014). Dans un article publié en 2012, Dale Dewhurst, professeur à la faculté
de droit de l'université Athabasca, relève plusieurs fonctionnalités de la
plate-forme numérique d'apprentissage Moodle, qui sont utiles afin de
reproduire la méthode des cas en ligne, dont la fonction Language Lab qui
permet l'échange de questions et de réponses avec l'étudiant, en version audio
ou vidéo. Reste cependant qu'au fil des ans, et avec l'évolution de la
profession, la méthode des cas a fait l'objet de nombreuses critiques, quant à
ses vertus à bien préparer les aspirants juristes au modèle d'une pratique
professionnelle émergente, davantage axée vers la médiation (MacFarlane, 2008).
Et parmi ces critiques,
Dewhurst en souligne quelques-unes : 1) «Not all legal problems are adversarial
and need to be resolved by litigation» (Garrett, E., 1998 cité dans Dewhurst,
2012); 2) «A lawyer's biggest role is as a problem solver» (Jackson, J., 2007
cité dans Dewhurst, 2012); et 3) «Cooperation and collaboration skills are not
developed» (Morgan, J., 1989 cité dans Dewhurst, 2012). Une des principales
critiques notées au sujet de la méthode des cas, se trouve être l'absence de
l'expérience de la relation avec le client, et Dewhurst rapporte que certains
auteurs suggèrent de recourir à des logiciels tels que Second life, et «[the]
possible use of client avatars and chat-bots where “[t]eaching interviewing and
counseling as well as other client related skills requires repeatable,
realistic practice that is not optimal when relying on students to simulate
being clients for each other.”» (Zariski,
s.d. cité dans Dewhurst, 2012, p. 79). Dewhurst propose de se distancier de la
méthode des cas, pour adopter des approches actives et collaboratives en usage
dans les programmes de formation à distance. Il donne en exemple l'exercice de simulations
en ligne «[to] allow groups of students to take on the roles of judge, prosecutor,
client, defence lawyer, law clerk, etc. and enable them to participate in
moots, debates, role-plays and discussions in a real time virtual environment»
(p. 12). Il n'hésite pas non plus à
suggérer de puiser dans les ressources qu'offre l'œil de la caméra dans la
salle de cours : «[C]lips could be taken from television programs such as Judge
Joe Brown, Judge Judy, or the People's Court. The focus, here, would be the development of
interviewing and counseling skills, client and witness observation skills, as
well as examination and cross-examination strategies by asking students to
analyse the clips for evidentiary concerns, interviewing skills, cross-examination
skills or skills in dealing with hostile witnesses. In a complementary way,
students would be invited to develop their writing skills by drafting a brief
of law in support of the judgment or an appeal of the judgment. Analytical and
speaking skills could be developed by presenting a videoconference appeal»
(2012, p. 78).
Je suis heureux d'être tombé récemment sur cet article, qui confirme que
ces approches actives pour l'enseignement des sciences juridiques à distance
sont possibles, et parfaitement réalisables.
MacFarlane, J. (2008). The New
Lawyer. How Settlement is Transforming
the Practice of Law. Vancouver, BC : UBC Press.
Ménard, L. (2014). «Section 2 - Chapitre 5 - La méthode des cas», dans L. Ménard et L. St-Pierre, Se former en pédagogie de l’enseignement supérieur. Montréal : Collection PERFORMA AQPC.
Je me suis toujours demandé comment les avocats arrivaient à se préparer adéquatement et à réagir avec rapidité, justesse et répartie aux arguments qui leur sont présentés. Je me disais que ça devait être une habileté naturelle qu’on possédait… ou pas! Il me semble complexe de « se pratiquer » à avoir le dernier mot et à ne pas se faire mettre en boite. Et puisque ce n’est pas mon domaine, j’avoue ne jamais avoir réfléchi sur la façon dont je m’y prendrais pour former des professionnels du droit.
RépondreEffacerEn lisant ce billet, je réalise donc que ça s’apprend… et que les technologies peuvent contribuer à faciliter le développement de cette compétence en communication! Je devine que Moodle et son plug-in Language Lab permettent de se faire la main « au ralenti ». D’après ce que j’en lis (Moodle, 2015), le plug-in remplace le traditionnel laboratoire à cassette. L’enseignant propose des questions. L’étudiant les écoute et prépare une réponse avant de l’enregistrer. L’enseignant peut aussi écouter en direct les prestations de ses étudiants. Cette technologie, à mon avis, répond à une intention pédagogique précise en plus de permettre des rétroactions personnalisées. C’est une belle trouvaille pour votre domaine.
Je vous comprends d’être heureux d’être tombé sur cet article de Dewhurst. En effet, avoir recours à la simulation permet, j’en suis certaine, de bonifier encore davantage l’expérience d’apprentissage des futurs avocats en la rendant plus authentique. Le fait que les participants soient confrontés à différents problèmes ou événements survenus en raison de décisions qu’ils ont prises au préalable (Akilli, 2007) m’apparait un choix pédagogique judicieux pour eux.
Une belle avenue à creuser pour vous!
Références
Akilli, G. K. (2007). Games and simulations: A new approach in education.
Moodle. (2015). Activities: OWLL oohoo Web-based Language Lab (formerly MoodLL). In.