Billet 1- Les changements de paradigmes en éducation
L'idée avancée par Sir Ken Robinson, selon laquelle notre système
d'éducation est désuet, adapté plutôt pour l'ère qui a suivi la Révolution
industrielle, a également été véhiculée par le célèbre futurologue Alvin
Toffler (Toffler, n.d.). Même si cette idée nous vient de gens apparemment autorisés,
et bien que l'allusion à une école conçue à l'image de l'usine demeure attrayante,
j'ai du mal quant à moi à adhérer à cette vision des choses. D'abord, les industriels
de cette époque n'avaient pas besoin d'une main-d'œuvre qui savait lire, écrire
et compter. Au Québec par exemple, l'enseignement obligatoire date seulement de
1943, à la suite de la promulgation d'une loi «obligeant sous peine d’amende
les parents à envoyer à l’école leurs enfants âgés de 6 à 14 ans» (Allard, 2013). L'âge de fréquentation scolaire sera
haussé à 15 ans en 1961, et à 16 ans en 1988 (Allard).
En revanche, en poussant la technologie numérique
dans le système d'éducation, au primaire et au secondaire ˗ excluons le cas de l'enseignement
supérieur pour les fins de ce premier billet, puisque ce n'est pas le thème de
Sir Robinson de toute manière ˗, ne sommes-nous pas en train de bien servir justement
les intérêts économiques des multinationales du numérique comme les Apple,
Microsoft, Google et Facebook de ce monde? Et d'offrir du même coup, à nos
élèves, les mille distractions dont ils n'ont pas besoin à l'école, pour bien
apprendre à lire, à écrire et à compter? La question se pose.
Justement, en
France, le nouveau ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, propose de
«réformer l'école en profondeur» et de faire en sorte que «les enfants qui
sortent de l’école sachent lire, écrire et compter» (Bock-Côté, 2017). À sa
demande, 150 000 exemplaires des Fables de Lafontaine ont été gratuitement
distribués aux élèves de France. Il a décidé de réintroduire le Grec et le
Latin dans le curriculum du système français. Il veut, paraît-il, transmettre
aux élèves «le goût de la lecture, de la culture et des arts». N'est-ce pas là un
point de départ à la créativité?
Sources :
Toffler, Alvin. (n.d.) Alvin Toffler on Education [vidéo].
Récupéré de https://www.youtube.com/watch?v=04AhBnLk1-s&app=desktop, consulté le 17 septembre 2017.
Allard, Michel. «Il y a 70 ans, l’école devenait obligatoire», Le Devoir [en ligne], édition du 25 mai
2013. Récupéré de http://www.ledevoir.com/societe/education/379028/il-y-a-70-ans-l-ecole-devenait-obligatoire, consulté le 17 septembre 2017.
Bock-Côté, Mathieu. «Connaissez-vous monsieur Blanquer», Le Journal de Montréal [en ligne],
édition du 13 septembre 2017.
Récupéré de http://www.journaldemontreal.com/2017/09/13/connaissez-vous-monsieur-blanquer, consulté le 17 septembre 2017.
M. Gagnon, lorsque vous dites : « En revanche, en poussant la technologie numérique dans le système d'éducation, au primaire et au secondaire- […] -ne sommes-nous pas en train de bien servir justement les intérêts économiques des multinationales du numérique comme les Apple, Microsoft, Google et Facebook de ce monde? », je crois que vous soulevez un point important.
RépondreEffacerDans un article écrit par Lisa-Marie Gervais dans le journal Le Devoir, elle fait état d’une étude menée par Thierry Karsenti sur l’utilisation du Tableau blanc interactif (TBI) au primaire et au secondaire. Le constat est alarmant : « 86 % des enseignants ont trouvé des désavantages au tableau blanc interactif ». Ils s’en servent comme d’un projecteur ou d’une télévision. Aucune interaction entre les élèves et les TBI n’est mise en place sauf par les enseignants aguerris, le matériel n’est pas adapté aux salles de classe et très peu d’enseignants ont reçu une formation adéquat pour l’utiliser.
Or, le gouvernement de Jean Charest avait de grandes ambitions en 2011 : 240 millions sur 5 ans pour équiper les écoles québécoises de TBI. Le programme a été mis sur la glace en novembre 2012 par le gouvernement péquiste… Il semble qu’un ancien membre du cabinet Charest était lobbyiste pour l’entreprise Smart Technologies, c’est tout dire…
Référence
Gervais, L.-M. (2013, 22 août). Bilan noir pour le tableau blanc dans les écoles. Une étude révèle de nombreux problèmes techniques et un manque de formation des enseignants. Le Devoir. Récupéré de http://www.ledevoir.com/societe/education/385701/bilan-noir-pour-le-tableau-blanc-dans-les-ecoles