Billet 2 - Les apprenants du 21e siècle


De toutes les époques, les apprenants ont été en proie à des distractions. Ceux d'aujourd'hui, comme ceux d'hier, en classe sont encore parfois distraits par les discussions avec les pairs ou la lecture des journaux (Brooks, 2016, p. 31). Le phénomène de la télévision est présent dans nos vies depuis la fin des années 1950 (Télévision québécoise, 2017). La vidéo de Michael Wesch, A vision of Students Today, débute sur une citation de Marshall McLuhan, qui date de 1967. La théorie suivant laquelle les technologies nouvelles transforment notre cerveau n'est pas neuve. A-t-elle déjà été démontrée? Prensky (2001) lui-même demeure prudent lorsqu'il écrit: "likely that our students’ brains have physically changed" (notre soulignement). Et son affirmation, "today's students think and process information fundamentally differently from their predecessors", n'est appuyée par aucune étude scientifique (Prensky, 2001, p. 1). Là où Prensky assurément ne fait pas fausse route, c'est lorsqu'il affirme que les étudiants aujourd'hui en âge de fréquenter les universités ont tous grandi avec ce qu'il décrit comme étant les nouvelles technologies (2001, p. 1). C'est le cas aussi de près de la moitié de nos futurs enseignants, qui ont échoué à l'examen de français obligatoire pour l'obtention l'an dernier de leur brevet (Touzin, 2017). Une des plus sévères critiques retenues à l'endroit des étudiants en général venant des cégeps, porte précisément sur leur maîtrise pitoyable du français (Dyke et Deschenaux, 2008, p. 32). Est-ce que les nouvelles technologies de communication y sont pour quelque chose? Le défi des enseignants aux études supérieures au 21e siècle, dans le contexte économique actuel des universités (Dyke et Deschenaux, 2008, p. 27-28), plus frugales qu'au milieu du siècle dernier (Ménard, 2016), sera de dispenser un enseignement répondant à des besoins académiques multiples, en s'adressant à une clientèle étudiante largement diversifiée (Pageau et Bujold, 2000, p. 4), tant au niveau de sa situation socio-économique (p. 5), de ses acquis académiques (p. 6) que de ses attentes en matière de formation professionnelle (p. 6-8). Je partage l'opinion qu'un usage judicieux des technologies (Endrizzi, 2012 citée dans CERU, 2015, p. 26), et la flexibilité que présentent les formations à distance (synchrone, asynchrone, hybride, MOOC) peuvent permettre de relever ce défi (CERU, 2015).

                                                                                         
Sources :

D. Christopher Brooks. ECAR Study of Undergraduate Students and Information Technology, 2016. Research report. Louisville, CO: ECAR, October 2016.

Télévision québécoise (2017). Dans Wikipédia. Récupéré de https://fr.wikipedia.org/wiki/T%C3%A9l%C3%A9vision_qu%C3%A9b%C3%A9coise, consulté le 24 septembre 2017.

Prensky, M. (2001). Digital Natives, Digital Immigrants. On the Horizon, 9(5), 1-6.

Touzin, Caroline. «Test de français: échec massif des futurs enseignants», La Presse [en ligne], édition du 18 septembre 2017.
Récupéré de http://www.lapresse.ca/actualites/education/201709/18/01-5134229-test-de-francais-echec-massif-des-futurs-enseignants.php, consulté le 20 septembre 2017.

Dyke, N. et Deschenaux, F. (2008). Enquête sur le corps professoral québécois. Faits saillants et questions. Montréal : FQPPU.

Ménard, L. (2016). Le milieu universitaire québécois: d'hier à demain [vidéo].

Pageau, D. et Bujold, J. (2000). Dis-moi ce que tu veux et je te dirai jusqu'où tu iras : les caractéristiques des étudiantes et des étudiants à la rescousse de la compréhension de la persévérance aux études : analyse des données des enquêtes ICOPE : 1er volet : les programmes de baccalauréat. Québec : Université du Québec à Québec, Direction du recensement étudiant et de la recherche institutionnelle.
 
Commission de l'enseignement et de la recherche universitaires (CERU). (2015). La formation à distance dans les universités québécoises : un potentiel à optimiser, Avis au ministre de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche adopté à la 627e réunion du Conseil supérieur de l’éducation, le 24 avril 2015.

Commentaires

  1. À la question « Est-ce que les étudiants ont changé ? » je suis d’accord avec votre constat que plusieurs des observations actuelles ont été émises précédemment relativement à d’autres formes de technologies ou formes de distractions. Cependant, il me semble que le rythme et la forme des changements actuels semble beaucoup plus abrupte, comme le souligne Prensky.
    Je vois que tout comme moi, vous semblez avoir de la difficulté à répondre à la question : Est-ce que l’université est capable de s’adapter aux apprenants du 21e siècle ? Pour l’instant, les pistes de solution semblent être l’utilisation de technologies en classes, et plus particulièrement l’enseignement sous forme hybride ou à distance. En fait, si on pousse ce concept plus loin, on pourrait imaginer des universités sans salles de classe. À la limite, les professeurs pourraient être situés n’importe où dans le monde et participer à un programme offert en ligne. Ce type de programme, bien qu’il répondrait parfaitement aux attentes de certains étudiants, est loin de s’intégrer au « moule » des universités actuelles. La réponse serait donc, de prime abord : Non, l’université. N’est pas encore capable de s’adapter aux apprenants du 21e siècle.

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  2. Il n'est pas simple de répondre à la question et surtout, il n'y a pas qu'une seule bonne réponse. Tout est une question de perspective. Clairement, le rapport au savoir a changé. Aussi, un constat que nous remarquons est que la plupart d'entre nous semblent d'accord sur le fait que le profil des étudiants a changé. Un élément peu abordé, au-delà du numérique, est celui, des compétences du 21e siècle. On parle alors de collaboration, de communication, de créativité, de pensée critique, de résolution de problème, etc. (Romero, 2017). Est-ce que les formations universitaires permettent aux apprenants de développer ces compétences? A-t-on tout ce qu'il faut à l'université pour former aux compétences du 21e siècle. Sans aucun doute, la réponse est non. Il y a des initiatives intéressantes, mais le modèle de la classe reste assez similaire depuis plusieurs centaines d'années. Pensez aux amphithéâtres et aux classes avec des ardoises. Les outils ont changé, mais les façons d’enseigner restent souvent les mêmes.

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